Ainsi font les décroissants, sans tambour, sans trompette, un dimanche matin, avec plantoir et salopette,
Rendez-vous était pris pour habiller avant l’automne une friche et comme St Martin fit de son manteau, nous partageâmes quelques plants.
Partager c'est aussi s'enrichir d'un peu de l'autre, présentement, il nous faudra attendre quelques saisons pour en cueillir les fruits.
Espérons que les fraisiers sauvages résistent mieux à faire le mur que les quelques plantes grasses domestiquées ; au framboisier, il ne lui reste qu'a être à la hauteur de sa frondeuse réputation :
[...] Prenez le framboisier, qui semble le chef de file de ces rusés. Rigide et souple à la fois, avec des feuilles argentées sur le revers qui jettent un éclair lorsque le vent les rabat, le framboisier attire l'attention sur son fruit, ce comble d'innocence parfumée, de pudeur rougissante, et, tandis que vous soulevez les feuilles pour trouver encore des perles rouges, le framboisier, lui, fait des plants. Comme beaucoup d'autres végétaux, ses intentions sont féroces : annihiler les autres, occuper tout le terrain. Il y a du guerrier parthe chez lui. Tout en muscle, moche mais invulnérable, il avance comme s'il tirait des flèches. Même malade, la feuille rouillée, un peu édentée, il persévère. [...]
Dominique Louise Pélegrin « Stratégies de la framboise – Aventures potagères »