Serge Latouche, un des animateurs de La Revue du MAUSS, président de l'association La ligne d'horizon, économiste et philosophe, professeur émérite à l'université de Paris-XI (Sceaux), est le défenseur actuel le plus connu de la perspective de la " décroissance conviviale ".
Voici un livre sorti en 2006 chez fayard qui pour moi est une pierre angulaire de la réflexion sur la décroissance.
Le but de serge Latouche est de montrer que « si un changement radical est une nécessité absolue, le choix volontaire d’une société de décroissance est un pari qui vaut la peine d’être tenté pour éviter un recul brutal et dramatique ».
L’auteur définie la décroissance dans son introduction : ce qu’elle est et mais aussi ce qu’elle n’est pas. Il répond par là même aux critiques récentes et médiatiques faites sur la Décroissance.
Puis dans une première partie évoquant le pourquoi de la démarche décroissante : il explique tour à tour « l’enfer de la croissance » et sa non soutenabilité, les inégalités et l’illusion du bien-être qu’elle engendre, pourquoi il faut sortir de l’économie, préférer décroitre à rétrograder, la différence entre décroitre et régresser, la différence entre développement durable et décroissance, la question de la démographie mondiale, pourquoi la décroissance est une alternative à notre mode de vie...
Dans une deuxième partie serge Latouche donne quelques pistes pour appliquer la décroissance suivant la règle des « 8 R » :
2° Reconceptualiser : Sortir du capitalisme, redonner la priorité du social, de l’humain sur l’économie...
3° Restructurer : restructurer la société sur d’autres value que le seul profit, sur une autre approche du temps de vie...
4° Redistribuer : les droits de tirage sur la biosphère, retrouver l’empreinte écologique normale...etc. et pourquoi pas retrouver le yaourt de notre enfance avec les fraises du jardin, produit qui n’aurait fait que quelques kilomètres...
5° Relocaliser : Remettre les produits à leur véritable coût incluant l’écologie, nous permettant de redécouvrir les vertus de nombre de produits locaux, produits français, c’est déjà re-localiser l’emploi, lutter contre le chômage, retrouver le sens de , là où l’on vit, sortir d’un monde géographique virtuel...
6° Réduire notre empreinte écologique : Changer sa manière de consommer, adapter les habitations, réduire le temps de travail, travailler moins pour travailler tous, Eduquer pour donner du sens à la vie, au temps réapproprié...
7° Restaurer l’activité paysanne : Sortir de la culture intensive, promouvoir la qualité des produits...
8° Recycler : Rendre effectif le recyclage sur toute la France, revaloriser les produits non jetables, favoriser la réparation qui crée des petits métiers de proximité...A cela il faudrait ajouter une forte taxation sur la publicité, lutter contre ce fléau environnemental (summum de l’inutile) 2ème budget mondial après l’armement.
L'auteur termine sa démonstration en concluant sur la pédagogie des catastrophes moteur de la "décolonisation de l'imaginaire" mais insuffisante car le travail de réenchantement du monde, et de recherche spirituelle lui apparaît comme nécessaire pour se détacher de la religion de la société de consommation et ne pas laisser champ libre aux sectes.
Bonne lecture.
Guillaume Lebrin