Mardi 6 décembre 2016 à 20h45, France 5, chaîne du service public, diffusait le documentaire ... et pour quelques hectares de plus de Nicolas Vescovacci dans le cadre de l'émission "Le monde en face". Le documentaire est visible en "replay" ici jusqu'au 13-12-2016 et sera rediffusé sur France 5 le 16-12-2016 à 1h05.
Pourquoi je précise chaîne du service public ? Parce que malgré le contenu accablant pour le gouvernement du moment, et pour les élus en général, nous avons la chance de vivre en France où la censure n'est pas trop violente (bon vous allez certainement me trouver des contre-exemples, mais quand même, je suis tellement abasourdi par toutes les régressions que l'on peut observer dans tous les domaines - démocratie, valeurs humaines, solidarité, information, environnement... - que j'en suis presque étonné que des messages comme celui-là passent encore à une heure de grande écoute). Bref c'est passé sur une chaîne publique, c'est bien fait et ça fait du bien que ça passe et que ça puisse peut-être toucher de nouvelles personnes pas encore sensibilisées.
Donc ça fait du bien que le message soit diffusé... mais à part ce petit "bien", le message fait mal.
Oh, ce n'est pas que l'on ne soit pas au courant. On le sait, que les terres agricoles sont bouffées par l'urbanisation galopante, que les élus font leurs petits arrangements pour favoriser leurs amis et pour entrer dans l'histoire avec des grands aménagements, que l'argent public est gaspillé, que les petits agriculteurs sont dépossédés de leur outil de travail, que l'agrobusiness en profite pour étendre ses tentacules...
Mais là, quelques exemples sont posés sur la table, clairement expliqués, les magouilles légales sont démontrées, les témoignages sont accablants, les élus interrogés pathétiques de mauvaise foi, et on a beau le savoir, ça révolte, ça fait vomir, ça désole, ça indigne, ça accable, ça fait pleurer... Ça fait réagir avec force.
Et moi, ces démonstrations, ces illustrations, j'ai beau les connaître, les imaginer, les anticiper, quand on me les plante devant les yeux, implacables, je bous (du verbe bouillir...).
Je souffre avec ce paysan à qui on a offert une misère pour "compenser" la déchirure de ses terres et qui doit emprunter avec son troupeau de moutons un passage clouté au milieu de la circulation nouvelle pour que ses bêtes puissent aller paître, juste pour créer une voie d'accès automobile à un stade de foot (au passage, je conchie tous les amateurs de sport professionnel), qui a eu la dignité de ne pas l'accepter, mais qui est malheureux comme la pierre.
J'enrage face au mépris et l'indécence de ces Valls, Le Foll, Beulin, Collomb, qui ne comprennent rien si ce n'est le fric à court terme, qui refusent qu'on les mette face à leurs contradictions. Du goudron et des plumes pour ces gens-là, puisque la non-violence nous interdit de leur proposer la corde, ah non c'est vrai, il faut arrêter avec le goudron... de la mélasse et des plumes peut-être ? En attendant le tribunal populaire un jour, j'espère.
Je m'étouffe devant le gaspillage invraisemblable d'argent public pour une déviation de ligne de tramway ridiculement courte mais prodigieusement chère en partie financée par la loi Grenelle 2 et pour ce parking immense quasiment jamais utilisé, tous deux pour le même stade de foot. (Petit aparté : ensuite on nous explique la main sur le cœur que les trous dans les finances publiques sont immenses (sécu., justice, défense, retraites, chômage...) et qu'il va falloir se serrer la ceinture, diminuer le nombre de fonctionnaires, de services, d'aides).
Je m'indigne devant ces faux débats à l'assemblée nationale où les arguments sérieux sont balayés du revers de la main et où sont votées des lois iniques qui permettent les pires bêtises au nom de "l'intérêt général".
Je me désespère en voyant cette terre qui nous nourrit recouverte à jamais de béton et de bitume pour faire toujours plus de routes, de stades, d'hôtels, de centres commerciaux avec des pistes de ski !!! et autres absurdités.
Je pleure enfin parce que ces exemples mis en avant ici (dont un à St Jean de Braye que l'on connaît bien) ne représentent qu'une infime partie des destructions quotidiennes d'espaces fertiles en France, sans parler du reste du monde, et que cela se passe dans toutes les communes, juste à côté de chacun d'entre nous et cela quelle que soit la couleur politique de la majorité à la tête de la commune. Dans la mienne, la couleur est rouge, et le centre commercial va s'agrandir allègrement "grâce à un travail acharné de nos élus pour la réussite du projet malgré les bâtons dans les roues".
Au fait on fait tout cela pour quoi déjà ? L'argumentation est toujours la même : du développement économique, de la croissance, de l'emploi... On fait tout cela depuis tellement longtemps que l'on devrait avoir résolu tous les problèmes, mais bizarrement, ce n'est pas le cas, alors on continue joyeusement, et surtout sans se poser de question, des fois que l'on pourrait remettre en cause le modèle économique tellement confortable pour tous ceux qui nous dirigent...
Ce documentaire est une illustration supplémentaire de l'absurdité de la croissance économique, mais c'est une bonne illustration.
Alors il fallait que j'écrive à son propos et que je vous invite à le visionner et à le proposer à votre entourage. De notre côté, nous l'avons enregistré et nous le proposerons certainement à une de nos rencontres en 2017.